Les jumeaux Sheol (fini)

Nom : Sheol : Nom

Tristan : Prénom

Âge : 202 ans : Âge

Race : Dieu : Race

Etat : Dieux des Ténébres : Etat

Dieu des Morts-nés : Statut

: Pouvoir particulier

A l'opposé de ça, il y a l'absence. Seuls tes yeux,
me verront... Ni tes oreilles, ni ton nez, ni ton coeur
ne peuvent me percevoir. Quand j'étouffe mon aura,
au point de disparaitre... Au point que tu pourrais bien
douter de mon existence, en dépit de ce que tu vois.
Sans être invisible, je disparaitrais.
Difficile de se battre contre quelqu'un d'abstrait.

: Armes

Une vingtaine de shurikens à
huit branches,
Autant de couteaux de lancer.

S'habiller bien, c'est un principe.
C'est comme manger, respirer,
se doucher...
C'est naturel.
Pour Tristan, c'est différent. Lui il
connait la valeur du physique, pour
les hommes. A quel point ça joue.
Et il s'en sert. Il sait se servir d'un
sourire, d'un regard. Mieux que moi.
Lui, il calcule chacun de ses gestes,
chaque changement dans son visage.
Il est naturellement classe.
La seule chose à laquelle il attache
volontairement de l'importance, c'est
ce qu'il porte, en haut. Parce que ce
qui compte, pour lui, c'est de pouvoir
le retirer facilement.
Pour redevenir un seul et unique Dieu,
avec moi.

: Description morale

Ouvert, confiant, sociable, volontierement jovial,
mon frère a une personnalité attachante. Il est
sympathique, chaleureux et non dépourvu d'un certain
charisme. Adaptable, il se sent vite à l'aise partout.
Communicatif, il possède des facilités d'élocution et de
persuasion certaines, et parfois même quelques dons
d'imitateur, d'autant qu'il est vif, perspicace et observateur.
Il pourrait passer pour vaniteux s'il n'était aussi désarmant
de naïveté et de sympathie.
Curieux de tout, son principal défaut est de se disperser
en n'allant pas toujours au fond des choses. Il se montre
parfois superficiel, se fie trop à ses facilités et est l'ennemi
des efforts prolongés. C'est un être rayonnant, souriant,
que l'on remarque et à qui l'on s'attache.
Plutôt désordonné, voir désorganisé, la fantaisie le
gouverne. Par ailleurs, il peut facilement être dans les
nuages, et faire montre d'autosatisfaction.
De nous deux, c'est lui la roue menante. Il aime se mettre
en avant, et ce n'est pas moi qui l'en empêcherait.

: Aime

Être actif, d'abord et avant tout. J'aime bouger,
m'épuiser, chercher mes limites et les dépasser.
Ce qui ne m'empêche pas d'aimer m'asseoir
discrétement dans un coin, pour observer de haut
ces humains...
Au final, je dois admettre que je n'aime pas
spécialement beaucoup de choses.

: N'aime pas

N'importe quel donneur de leçon de moral.
On ne nous en a jamais donné, ce n'est pas pour
qu'à présent d'autres s'en chargent.
Les longs discours m'insupportent aussi.
Egalement la faiblesse des autres.
Les humains.

Un sourire, une voix, tout ce veut doux.
Calme. Sécurisant. Il n'y a pas de danger,
ici il n'y a que des amis. Des parents. Les
miens.
Alors je ne devrais pas pleurer... Mais dans
les bras de cette femme, ma mère, quoiqu'elle
dise, quoiqu'elle fasse, moi je pleure.

Quand notre père s'est assit, enfin, à côté de
notre mère, je n'ai plus pleuré. Je t'ai vu. Toi tu
pleurais aussi, encore, toujours. J'avais appelé,
toi tu avais répondu, et tu répondais toujours.
J'ai sourit, j'ai rit. Tu m'as vu et tu as fait pareil.

Quand ils nous ont couché, ensemble dans le même
lit, enfin, on s'est tapit l'un contre l'autre. On avait
passé neuf mois ainsi. L'air libre, et la distance qui
pouvait se faufiler entre nous, nous faisait peur.
Plus que tout.
Je me souviens...

Tu as eut peur plus longtemps
que moi.

Et maintenant?

Nous étions des enfants intelligents. Dès que l'on a été capable de penser,
on a comprit. Quoiqu'il arrivait, on serait ensemble.
Pourquoi?
Parce que c'était comme ça. On avait l'air d'être deux. Ce n'était pas le cas.
Nous, nous le savions. Mieux que personne. On resterait ensemble, toujours.
Jusqu'à la fin. Et quand l'un mourrait, l'autre le suivrait. Par ce qu'on ne pouvait
pas. Vivre l'un sans l'autre, c'était impossible.
On s'est peu à peu habitué. A ne pas être dans la même pièce. A ne pas être
toujours ensemble. A ne pas dormir dans le même lit. A cette distance qui se
creusait. Lors des repas nous étions en face. Lors des leçons nous n'étions pas à
la même table. Comme si, nécessairement, il fallait qu'il y ait un mètre entre nous.
Alors que nous n'aspirions qu'à être coller, l'un à l'autre.
Peu à peu, la sensation d'être coupé en deux devint plus forte. On grandissait, on nous
éloignait. Comme si être ensemble était déplacé. Comme si ce besoin de l'autre était
une anormalité. Comme si c'était malsain... Et plus le temps passait, plus on se sentait
dépérir. Si nos parents avaient une bonne raison d'agir ainsi, on ne l'a jamais su.

Tristan n'a pas posé la question. Il a fait ce qu'en théorie, un Dieu ne fait jamais.


Nous avions près de treize ans. Ce soir avait de particulier que, pour une fois, nous
n'étions que tous les quatre pour dîner. Il n'y avait personne de plus. Pas de parent
lointain, ni d'autres Dieux, amis de nos parents, ni qui que ce soit d'autre. Nous étions
dans cette affreuse salle à manger privée. Attablés à cette table ronde, prévue pour ne
pas recevoir plus de quatre personnes. Nous. Mon frère était en face de moi, mais nous
n'avons pas échangé un regard. Comme si voir l'autre, sans pouvoir le toucher, était une
torture. Et c'en était une.
Qu'a dit mon père? Je ne sais plus... Mais je me souviens, qu'en même temps nous avons
levé la tête, que mon regard à croisé celui de mon frère. Et là j'ai su, qu'il n'était plus
question pour nous de continuer comme ça. Ce que j'ai fait, je ne l'ai pas fait pour moi,
mais pour Justin. Pour ne plus revoir dans ses yeux, ce que j'y ai vu ce soir là...
Un Dieu n'en tue jamais un autre, tout simplement parce que les Dieux ne s'affrontent pas.
Moi j'ai tué mes parents ce soir-là, sans chercher à savoir si j'avais le droit de le faire, si
c'était possible ou pas. Je l'ai fait, parce qu'à cause d'eux mon frère chéri souffrait, plus que
je ne l'aurais jamais imaginé. Et la douleur, que j'avais vu dans ses yeux, était celle que j'avais
également au fond du cœur, mais que je n'était pas parvenu à comprendre.
Comment je les ai tué, je ne sais plus. Ça devait être fait c'est tout. L'histoire n'a pas été
ébruité. Personne n'en a entendu parlé. Sheol, le Dieu des Ténèbres, a disparut tout
simplement.

Et à sa place, il y eut nous. Les jumeaux Sheol.




Trente neuf ans plus tard...

Le manoir de nos parents étaient devenus le notre. Sheol aurait pu ne pas exister.
Personne ne s'en souvenait. Et quand quelqu'un prononçait le nom Sheol, il faisait
référence à nous.
Cette réputation qui était la nôtre ne nous a pas empêché de subir le même sort que les autres
Dieux. Comme eux, un soir, nous avons senti notre île s'effriter sous nos pieds. Nous n'avons
eut que le temps d'être surprit, que tout ce que nous connaissions disparaissait.

Nous avons eut la chance de faire parti de ces Dieux, que d'autres Dieux ont sauvé.
Les Dieux du vent. Je n'estime pas leur être redevable... Ils nous ont sauvé la peau,
pas par générosité ou quelque chose dan ce genre. Peut-être par réflexe... J'en sais
rien. Je ne suis pas un Dieu du vent.

Sur l'île des hommes, notre premier réflexe a été de se serrer l'un contre l'autre. On
s'est souvenu, de ce jour qui nous avait vu naître. De ce premier soir à l'air libre, où
nous nous étions endormi l'un contre l'autre.
Quelque part ça nous a rassuré. Cette situation ne nous était pas inconnu... On avait vécu
la même, près d'un demi siècle plus tôt. De tous les Dieux, nous faisions parti des rares
qui n'étaient pas impressionnés par ce changement, que tout ceci laissait étrangement de
glace.

On ne s'est pas endormi. On s'est levé, on est parti... Nous avons disparu sous terre, à la
recherche d'un endroit où personne ne viendrait nous trouver. Ce qu'on voulait, c'était se
reconstruire à l'abri des regards humains ou divins. Loin des nôtres, et des étrangers.
C'est ce qu'on a fait. On a observé, on a apprit.




De nos jours...

Un réveil sonne... Insupportable. Insolent. Infecte... Détestable. J'écrase mon poing
dessus. Silence... Quelque part, quelqu'un coupe l'eau. Sans grande volonté, je me redresse
sur un coude. Personne. A côté de moi, le lit est vide. Les volets ont été ouverts.
Méfiant, comme toujours, je m'habille rapidement. Serrant soigneusement ma ceinture.
Pas de couloir, la chambre ouvre sur la salle commune, où se trouve la cuisine. La porte
de la salle de bain. Dans l'encadrement, habillé, les cheveux mouillés. Mon frère.

« -On règle la note et on se tire. »

Je hoche la tête, et sans rien ajouter rassemble nos rares possessions qui sont dans la
salle de bain. Ca tient dans un sac... Avec tout le reste. Dans la salle commune, je retrouve
Tristan, tenant des rollers à la main. Je le regarde, inquisiteur, lui sourit et se lève. Une
bonne chose, il ne s'amusera pas à les mettre dans l'hôtel. C'est triste mais il en est
capable, il l'a déjà fait même...

A la réception, on paye la chambre. Rend les clés. Et on se tire.

On marche sans rien dire. La rue vit autour de notre silence. On pense, respectivement.
Lui, à hier sûrement. Il ne supporte pas. Ou plutôt, il n'aime pas ce genre de chose. Ca lui
laisse une sale impression. Que moi, je ne connaitrais probablement jamais. Je n'ai pas
hérité de sa sensibilité. Le sang ne m'impressionne pas. Les meurtres non plus.
Je me souviens, avec délice. La soirée d'hier... Un sourire, quelques mots. Cet abruti
m'a suivi. Jusqu'à ce terrain vague. Justin caché quelque part... Quand son aura nous a
écrasé, l'idiot est tombé à genoux. Crétin d'humain... Si faible, si méprisable. Il m'a
regardé. Je sais qu'il a douté de ses yeux. Une lueur proche de la folie a éclairé son regard...
Moi, vide, devant lui. Et pourtant, il sentait... Cette personne, si imposante... Le tuer n'a pas
été un problème.

Je ne comprend pas comment tu peux aimer tuer... Ce type savait que l'on était pas
net, c'est vrai qu'il fallait s'en débarrasser. Mais quand même... Je ne comprend pas
pourquoi ça te fait sourire.

Ca fait bien cinq ans que l'on a quitté le lac souterrain, dans lequel est amarré la péniche
dans laquelle on vivait depuis un petit bout de temps. Tu voulais sortir... Voir le monde.
J'ai pas dit non. Moi aussi, je m'ennuyais. J'aurais peut-être du... Refuser.
On est jeune. Même pour des Dieux. Enfin, on est pas si vieux que ça... Deux cent deux ans.
Je sais que ensemble, on ne risque rien. Mais dès fois...
Je ne crois pas, qu'on ait fait le bon choix.
Sortir, se dévoiler. S'exposer...

Je pousse Tristan du coude pour qu'il lève les yeux du bitume. Je lui souris, même si
de nous deux c'est plus souvent moi qu'il faut rassurer. Je le connais: ça le fait chier d'être
ici. Les humains, il ne les aime pas. Il s'ennuie... Tuer, c'est une façon de passer le temps.
Il en a besoin, je ne peux pas l'en empêcher. Alors qu'il m'a suivie, sans en avoir envi...
On s'arrête un instant, je le regarde fixer ces roues dont il raffole tant, sous ses pieds. Il rit.
Comme le jour de notre naissance. Mais ce n'est pas pareil, il a changé. Moi je le connais
depuis toujours, et je le vois. Mon frère n'est plus le même, mais je ne sais pas pourquoi...

Devant Justin, je m'envole entre les passants. Avec plaisir. Pas un n'est bousculé. Contrôle
parfait, je glisse en arrière. Fixe mon frère. Je souris, lui aussi.
Il doute. Il a confiance.

On vit comme des bohémiens, ça risque de changer. L'instinct... J'accroche un lampadaire,
tourne autour. Mon bras passe sur les épaules de mon frère.

Ils ne se rendent pas compte... Tous ces humains. Au milieu d'eux, on est là...
L'air de rien...
Je ris, Justin sourit.

Ils ne se rendent pas compte.